La concertation de haut niveau avec les parlementaires sur le travail domestique non rémunéré

La concertation de haut niveau avec les parlementaires sur le travail domestique non rémunéré, tenue le 10 juillet 2024 à l’hôtel Axil de Dakar, a mis en lumière l’impact significatif du travail domestique non rémunéré dans le cadre de l’Economie du soin sur la croissance économique nationale. Les données présentées ont révélé l’ampleur du Travail domestique non rémunéré et des écarts, son impact sur l’économie des soins et des écarts importants entre hommes et femmes dans la répartition du travail domestique non rémunéré, allant de 6,2 heures par jour à Kolda à seulement 42 minutes par jour à Dakar pour les hommes. Ce type de travail est souvent invisible et non reconnu par le PIB, bien qu’il soit essentiel au bien-être des personnes « soignées ». La non prise en compte du travail domestique non rémunéré dans le calcul du PIB du Sénégal est un manquement à la production nationale faisant du PIB actuel une valeur sous-estimée. Les participants ont appelé à une sensibilisation accrue des décideurs, notamment des parlementaires, afin qu’ils intègrent désormais cette problématique dans leurs politiques publiques. Cet atelier a ainsi été l’occasion de mobiliser les parlementaires pour qu’ils prennent en compte de manière effective le travail domestique non rémunéré dans l’élaboration des programmes économiques et sociaux du pays. Partager via : D’autres actualités récentes
[CWW] La valorisation du travail domestique, un tremplin pour les stratégies d’équité de genre

La valorisation du travail domestique, un tremplin pour les stratégies d’équité de genre Par Edmée Marthe Ndoye En 2019, le rapport sur les avancées décisives en matière d’égalité des sexes de l’OIT, reconnaît que la plus grande source d’inégalité entre les hommes et les femmes dans le monde est la charge de Travail Domestique Non Rémunéré (TDNR) qui pèse sur les femmes et en particulier, les activités de soins aux personnes. Cette reconnaissance est une grande avancée dans la lutte féministe pour une plus grande valorisation du travail domestique effectué par les femmes longtemps resté invisible. Le travail domestique en question est à distinguer du travail des domestiques lequel est rémunéré. Par travail domestique non rémunéré, nous entendons toute activité domestique sans contrepartie monétaire, non prise en compte dans la comptabilité nationale et pouvant être effectuée par un tiers (Donehower, 2019) telle que faire la lessive, le nettoyage, la cuisine, les courses, garder et prendre soin des enfants, des personnes âgées, des malades, des invalides, dans le cadre familial ou communautaire : autant d’activités qui sont classées « domestiques », lequel classement peut être retrouvé dans l’ICATUS 2017 (International Classification of Activities for Time-Use Statistics). Le Consortium Régional pour la Recherche en Économie Générationnelle (CREG) s’est, dans le cadre du Project Counting Women’s Work (CWW), approprié l’outil de valorisation du travail domestique développé dans le cadre du projet pour évaluer la contribution des femmes à l‘économie sénégalaise à travers le travail domestique non rémunéré. Comment valoriser le travail domestique ? En partant au travail un matin, j’ai croisé une connaissance à qui j’ai demandé des nouvelles de son épouse. Il me répondit : « Elle est à la maison à ne rien faire ». Pourtant cette épouse n’avait pas de domestique. Cela sous-entend que le travail effectué par l’épouse à longueur de journée n’a pas de valeur, voire peu aux yeux du mari et même de la communauté. En effet, la valorisation est le fait de donner de la valeur à quelque chose. Le CWW Project et les Comptes Nationaux de Transfert de Temps (NTTA) s’attellent à développer cet outil Le NTTA est un outil d’évaluation du temps de travail domestique non rémunéré effectué par les hommes et les femmes à tous les âges. Il vient compléter les Comptes Nationaux de Transfert (NTA) qui souffraient d’une prise en compte effective des inégalités de genre. Les NTA retracent l’évolution de la production et la consommation de biens et services ainsi que la distribution de l’épargne à tous les âges dans une économie donnée (Dramani 2019). Pour valoriser le travail domestique non rémunéré, nous pouvons considérer le tarif du spécialiste de l’activité ou celui du généraliste. Le premier diffère du second car il rétribue un service relatif à une activité domestique donnée. Le deuxième renvoie au taux horaire d’une aide-ménagère payée pour effectuer un travail portant sur plusieurs activités domestiques. La méthode des NTTA utilise la valorisation au coût du spécialiste. Mais dans le contexte des pays africains, la méthode de valorisation privilégie celle au coût du généraliste du fait de la rareté, sinon de l’inexistence de l’offre en spécialistes d’activités domestiques rémunérées. Quelles données utiliser pour la valorisation du temps de travail domestique ? Les données privilégiées dans le cadre de la valorisation du temps de travail domestique sont celles issues d’enquêtes sur l’utilisation du temps. Ces dernières fournissent de manière détaillée les différentes activités effectuées par le répondant durant la journée. Le principal défi dans ces enquêtes est le traitement des activités simultanées pour lesquelles certains auteurs s’accordent sur le fait qu’elles constituent au moins le tiers des activités de la journée (Kenyon 2010). Par ailleurs, les enquêtes budget-temps sont inexistantes dans la plupart des pays d’Afrique. La majeure partie des études en rapport avec le travail domestique non rémunéré recourt à des données issues de modules dédiés à l’utilisation du temps dans les enquêtes sur le ménage effectuées dans ces pays. Au Sénégal, les données utilisées pour évaluer la contribution des femmes à l’économie par le biais des TDNR proviennent de l’EHCVM 2018. Sur le cycle de vie, le temps de TDNR produit par les femmes peut aller jusqu’à plus de 22 heures par semaine contre environ 3 heures pour les hommes. Les résultats obtenus ci-dessus sont issus des Comptes Nationaux de Transfert de Temps (NTTA) réalisés en 2018 par le CREG. Les Comptes Nationaux de Transfert de Temps permettent de suivre les flux de production, de consommation et de transfert de temps de travail domestique non rémunéré. Ils révèlent qu’au Sénégal les travaux domestiques sont majoritairement effectués par les femmes sur la majeure partie du cycle de vie. Ces dernières produisent (courbe rouge en trait plein) plus de temps de Travail Domestique Non Rémunéré qu’elles n’en consomment (courbe rouge en pointillé). En d’autres termes, les femmes consacrent plus de leur temps aux activités domestiques qu’elles n’en bénéficient. Le phénomène inverse est observé chez les hommes qui sur tout le cycle de vie consomment plus qu’ils ne produisent de temps de TDNR. Une femme de 32 ans consacre en moyenne plus de 22 heures de TDNR par semaine alors que son homologue du même âge dépense moins de 3 heures par semaine. Lorsque nous considérons la consommation de temps de travail domestique, nous constatons que les pics optimaux sont consacrés à la jeunesse, entre 0 et 2 ans tout sexe confondu, et à la vieillesse à partir de 63 ans. Ceci révèle la forte demande en temps de soins domestiques durant ces périodes de vie. Tableau 1 : Production et consommation de travail domestique en Source : CREG 2021 Sur la base du principe que tout temps de TDNR produit est forcément consommée, on peut dès lors conclure que les demandes importantes en temps de TDNR sont couvertes par la production des femmes. Une contribution des femmes estimée à 17 % du PIB de 2018 contre 2 % pour les hommes En termes monétaires, le tableau ci-dessous montre la valeur du travail domestique des femmes et des hommes pour chaque activité. Ainsi, les femmes dominent les hommes sur toutes
[CWW] 2e édition de la conférence NTA Africa 2021 : partage d’expérience d’une jeune chercheuse

Deuxième édition de la conférence NTA Africa 2021 : partage d’expérience d’une jeune chercheuse Par Amandine Cynthia P. YANOGO, Doctorante économiste du développement 1. En tant que jeune chercheuse, que représente pour vous le fait de participer à cet événement organisé par le CREG ? Participer à la conférence NTA a été une grande opportunité. En effet, ce fut une occasion pour nous d’approfondir nos connaissances sur les questions de population et de mieux orienter nos recherches académiques. Nous avons aussi pu nous inspirer des expériences des autres pays ainsi que de leurs mesures politiques mises en œuvre pour pallier les problèmes liés aux questions démographiques. 2. Vous avez eu à travailler sur des questions relatives à la valorisation du travail domestique. Quels sont selon vous les enjeux majeurs du travail domestique des femmes, en particulier celui non rémunéré en Afrique ? Les enjeux majeurs peuvent être de façon non exhaustive : Une faible scolarisation des filles, La baisse du niveau de vie des femmes, Une faible participation/présence des femmes sur le marché du travail rémunéré, Une faible autonomisation des femmes. 3. Quelle est l’ampleur de ce phénomène au Burkina Faso et quelles mesures politiques pouvez-vous préconiser ? Au Burkina Faso, les femmes sont les principales impliquées dans la gestion de la famille, l’éducation, l’alimentation et les soins des enfants dans les différentes spécificités socioculturelles (Ouoba et al., 2003). Ces activités contribuent à exclure les femmes du champ du travail rémunérateur contrairement aux hommes considérés comme pourvoyeurs de revenus (INSD, 2006) et à exacerber les inégalités liées au genre. « Ces inégalités ont été mises en évidence sur le marché du travail rémunéré par le profil du Dividende Démographique de 2016 qui a montré que 69 % du revenu du travail est généré par les hommes contre 31 % par les femmes et que celles-ci sont presque déficitaires sur tout leur cycle de vie. Le travail domestique inclut entre autres les tâches telles que le ménage, la cuisine, le lavage et le repassage du linge, le soin apporté aux enfants, aux personnes âgées et aux malades, le jardinage, la recherche de l’eau et du bois. » Ainsi, en termes de mesures politiques nous préconisons : La promotion de l’utilisation intensive du gaz butane qui permettra de protéger le couvert végétal et de réduire le temps consacré à la cuisine ; Le renforcement de la couverture du territoire en eau notamment en milieu rural pour réduire la distance et le temps mis pour s’en procurer ; Le renforcement du fonctionnement et la mise à disposition des crèches pour toutes les couches sociales ; L’instauration d’un système de suivi médical à domicile pour les personnes âgées. 4. La conférence a été l’occasion de côtoyer des chercheurs et des décideurs politiques. Comment cela vous a-t-il été bénéfique dans le cadre de vos recherches ? La conférence NTA_Africa 2021 a d’abord permis l’émergence d’échanges afin d’améliorer notre article sur les changements démographiques présentés à cette occasion et de se familiariser avec d’autres modèles économétriques. Ensuite, elle fut une opportunité de partage d’expériences sur les enjeux des questions démographiques quant au développement de l’Afrique, ce qui nous permettra d’élargir nos champs de recherche. 5. Pour assurer la relève de la recherche-action en Afrique – comment le blog Counting women’s Work du CREG peut-il constituer un pont entre la capitalisation des acquis des chercheurs et la traduction de celle-ci en actions ? À cet effet, le blog Counting women’s Work du CREG pourrait : Promouvoir le partage des expériences acquises ; Établir un réseau de chercheurs intéressés par les questions de population et de développement et faire intervenir les Observatoires Nationaux du Dividende Démographique (ONDD) dans le sens où cette intervention permettrait non seulement le partage d’expériences des pays sur les thématiques du dividende démographique, mais aussi contribuerait à orienter les prises de décisions pour pallier les questions de population et de développement. Partager cet article via : A lire aussi : Retourner aux articles du Blog CWW
[CWW] Le rôle de PRB dans le projet Counting Women’s Work

Le rôle de PRB dans le projet Counting Women’s Work Un entretien avec Aïssata Fall – Rpte Régionale PRB Afrique de l’Ouest et du Centre Par Charlotte Greenbaum Quel est le rôle de PRB dans le projet ? PRB est responsable de la subvention de la fondation Hewlett et, en partenariat avec UCB et le CREG, fournit une assistance technique aux équipes de recherche de Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Togo, du Bénin et du Sénégal sur l’analyse des comptes de transfert nationaux et le temps de travail non rémunéré des femmes – c’est à dire le temps des soins assurés à la famille – et les liens avec la croissance économique. « PRB appuie particulièrement le développement des plans pour l’application de la recherche et les aspects de communication des résultats vers les décideurs politiques. » PRB est responsable de la subvention de la fondation Hewlett et, en partenariat avec UCB et le CREG, fournit une assistance technique aux équipes de recherche de Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Togo, du Bénin et du Sénégal sur l’analyse des comptes de transfert nationaux et le temps de travail non rémunéré des femmes – c’est à dire le temps des soins assurés à la famille – et les liens avec la croissance économique. Pourquoi le travail non rémunéré des femmes est-il un sujet important en Afrique de l’Ouest ? Les recherches sur le travail non rémunéré des femmes offrent une perspective innovante pour élargir le dialogue politique sur l’importance de reconsidérer la place et la fonction économique des femmes au sein du foyer lors de la formulation des objectifs des politiques sociales ou politiques de santé par exemple, afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle pour une croissance économique inclusive. La valeur ajoutée du travail non rémunéré des femmes, notamment pour la bonne santé et le bien-être des familles – deux conditions pour la participation efficace des membres de la famille à la croissance – n’est pas « naturellement » prise en compte dans les discussions de haut niveau sur le développement économique. On ne pense pas à considérer la valeur « travail » du soin à la personne et du fait de s’occuper de toute une famille tout en sécurisant les liens sociaux indispensables avec la communauté. Pourtant ce sont ces mêmes femmes qui, entre autres, garantissent la qualité nutritionnelle des repas ou encore transmettent et imposent les bonnes pratiques en termes d’hygiène. Un rôle qui s’avère crucial, par exemple, lors de crise comme la pandémie de COVID-19. Or, une partie de ces femmes qui assurent la stabilité et la santé de la famille demeurent invisibles en tant que telles parce qu’elles ne sont pas liées au secteur de l’emploi. Les femmes au foyer sont encore trop largement considérées uniquement « au sein de la communauté » alors que les appuis communautaires répondent insuffisamment à leurs besoins spécifiques. Parler du travail non rémunéré des femmes et de son importance signifie les rendre visibles dans leur fonction sociale et économique et les considérer pleinement comme des éléments déterminants de la croissance économique. J’ai travaillé pendant plus de 10 ans sur les politiques et les stratégies de protection sociale pour les plus vulnérables, mais je n’ai jamais entendu parler de la valorisation du travail non rémunéré lié au soin à la famille. Cela m’aurait permis de développer d’autres arguments pour la prise en compte de la protection sociale des plus pauvres dans le budget national, mais aussi d’aborder différemment les catégories ciblées par certaines interventions. La mesure de ce travail non rémunéré permet de donner une valeur à ce rôle des femmes et donc de mieux informer l’élaboration des politiques sur les questions d’équité, travail, bien-être et croissance économique – et également d’argumenter le coût de l’inaction si cette fonction n’est pas soutenue de manière pertinente par ces mêmes politiques. Pourquoi la communication politique est-elle une composante importante de ce projet en particulier ? La communication stratégique politique est particulièrement importante pour ce projet car les analyses habituelles de l’activité économique n’incluent les soins que s’ils sont fournis contre rémunération. Par ailleurs, donner une valeur monétaire au travail de soins non rémunérés – majoritairement assurés par des femmes – bouleverse la manière classique, et ancrée culturellement, de penser la valeur des tâches traditionnellement réparties entre les hommes et les femmes. Il est donc essentiel de savoir utiliser les données fournies par la recherche pour décrire leurs implications quant aux objectifs de développement fixés et les engagements pris par les gouvernements. L’utilisation d’outils de communication stratégique pour les politiques permet de rationaliser les débats et d’appuyer un dialogue politique informé par des faits. Et au-delà de la création de produits de communication, ce travail de communication politique est indissociable d’un travail d’engagement des différentes parties prenantes. Car il est aussi important de supporter les espaces de dialogue au sein desquels les résultats de recherche ou les produits de communication seront utilisés et débattus pour construire une compréhension commune de l’importance du travail non rémunéré des femmes. Quelle est votre vision pour le blog et pour l’impact du projet plus largement ? J’espère que le projet et ce blog vont aider à accroître l’intérêt pour le travail non rémunéré, mais aussi à donner davantage de visibilité au travail réalisé par les chercheurs africains des pays francophones. Le fait d’y consacrer un blog en langue française offre un espace de discussion aux chercheurs de la région, qui sont grandement désavantagés par rapport à leurs collègues anglophones car la recherche est avant tout publiée et discutée en anglais. Ce blog est aussi un espace moins formel pour que les différents acteurs du projet expriment leurs opinions, tout en restant un espace dont la qualité est garantie par le fait d’être hébergé par le CREG qui, affilié à plusieurs organisations internationales, offre une vitrine intéressante pour les chercheurs francophones. Au-delà du travail non rémunéré des femmes, le blog permettra aussi d’informer et discuter de l’importance d’informer la prise de décision politique à l’aide de données probantes. J’espère également qu’il
[CWW] Counting Women’s Work le chemin parcouru

Counting Women’s Work le chemin parcouru Par Gretchen Donehower L’économie générationnelle et sexospécifique J’ai traversé lentement le campus du East-West Center à Honolulu, à Hawaï, pour rejoindre le 10ème atelier mondial du projet National Transfer Accounts (NTA). C’était en juin 2010 et c’était la dernière conférence à laquelle je devais assister avant de partir en congé de maternité pour mon deuxième enfant. Je me sentais énorme et Hawaï avait chaud. « Le projet NTA consiste à comprendre l’économie générationnelle – comment nous produisons, consommons, partageons et économisons les ressources par âge – et après avoir travaillé sur ce projet pendant plus d’une décennie dans des pays du monde entier, nous avions beaucoup appris. Nous avions créé des outils de données qui nous montraient comment les gouvernements et les familles nous soutiennent lorsque nous sommes trop jeunes ou trop vieux pour travailler, comment ces systèmes diffèrent dans le temps et dans l’espace, et comment tout cela a un impact sur la croissance économique et la durabilité. » Cela me concernait particulièrement à l’époque, car ma jeune famille grandissait et faisait face au défi de savoir comment tout payer. Nous étions également confrontés au défi de trouver le temps de tout faire – prendre soin de nos enfants, faire notre travail rémunéré, préparer notre propre vieillissement et notre retraite un jour, et la possibilité de devoir également prendre soin de parents vieillissants. Le chevauchement entre ma vie et mon travail s’est accru parce que je devais présider les efforts du réseau de recherche NTA pour étendre notre travail et inclure le genre. La dimension du genre des économies diffère dans le temps et dans l’espace, tout comme l’économie générationnelle et il existe des institutions qui la façonnent. Les normes culturelles, les institutions juridiques et les différences biologiques exercent une influence sur les individus et amènent hommes et femmes, filles et garçons à participer différemment à nos économies. Le fait d’avoir des enfants m’a fait comprendre beaucoup de ces différences d’une manière très concrète. Le réseau de recherche NTA comptait alors des équipes de chercheurs dans plus de 40 pays (il y en a dans près de 100 pays aujourd’hui), de toutes les régions du monde. Les membres du réseau spécialisés en économie, en démographie et dans d’autres domaines ont entrepris d’intégrer une perspective de genre dans l’étude existante en économie générationnelle. Le travail de soins non rémunéré est essentiel pour comprendre l’économie de genre Il était clair pour nous dès le début que la compréhension de l’économie sexospécifique poserait un défi majeur à la façon dont nous avions étudié l’économie générationnelle. La seule partie de « l’économie » que nous mesurions dans le NTA était celle définie par des mesures existantes comme le produit intérieur brut et d’autres mesures fondées sur le marché qui constituent l’épine dorsale de la macroéconomie. Notre image de l’économie générationnelle commence par désagréger ces mesures et d’autres par âge. L’ajout du sexe dans le tableau en utilisant uniquement ces mesures nous a montré un aspect de l’économie sexospécifique : en moyenne, les hommes produisent plus sur le marché du travail que les femmes à presque tous les âges et dans presque tous les pays. En outre, les hommes, durant les années où leurs revenus étaient les plus élevés, produisaient beaucoup plus qu’ils ne consommaient, utilisant le surplus pour épargner et effectuer des transferts par l’intermédiaire des familles et des gouvernements à d’autres groupes d’âge et aux femmes. En revanche, dans la plupart des pays, les femmes, même au plus fort de leurs revenus, ne généraient pratiquement aucun excédent. Même si la taille de cet écart variait selon les pays , cela restait vrai dans les pays riches et pauvres, dans les pays avec des cultures plus ou moins égalitaires entre les sexes, et dans toutes les régions du monde. Que manque-t-il à cette image ? Le travail de soin non rémunéré. Les femmes se spécialisent dans le travail non rémunéré comme s’occuper des enfants et des personnes âgées, entretenir et gérer la vie du ménage. Les chercheurs avaient depuis longtemps reconnu la nécessité de rendre ce secteur de l’économie visible, en développant des « comptes satellites de production domestique » pour mesurer sa valeur. Cette méthode utilise des enquêtes sur l’emploi du temps pour estimer le temps que les gens consacrent au travail de soins non rémunéré, à la fois les soins directs aux personnes et les soins indirects par le biais des travaux ménagers et de la gestion du ménage, puis attribue une valeur monétaire à ce travail en tant que somme d’argent que quelqu’un gagnerait pour ces travaux contre rémunération. Counting Women’s Work cartographie l’économie de genre Grâce à une subvention initiale de la Fondation William et Flora Hewlett en 2014, le projet Counting Women’s Work (CWW) a commencé à intégrer la perspective du genre et le travail de soins non rémunéré dans le projet National Transfer Accounts. Dirigées par des groupes de recherche de l’UC Berkeley et de l’Université du Cap, des équipes de recherche nationales ont travaillé pour voir comment nous pourrions créer des estimations comparatives entre les pays de la façon dont la production, la consommation et les transferts de biens et services marchands et le temps de travail de soins non rémunéré étaient différents selon l’âge et le sexe. Ce travail a fourni des informations importantes sur le travail de soins non rémunéré et l’économie sexospécifique: Le travail de soins non rémunéré représente une part substantielle de tous les efforts de travail, allant de 30 à 60 % du temps total travaillé dans un groupe diversifié de pays. La plupart des travaux de soins non rémunérés sont effectués par des femmes et des filles, tandis que les hommes et les garçons se spécialisent dans le travail du marché. Aussi jeunes que les enquêtes sur l’emploi du temps puissent le mesurer, les filles effectuent plus de tâches de soins non rémunérées que les garçons. Le travail de soins non rémunéré crée un capital humain futur, en particulier dans les premières années de la